Prends ta canne, on va marcher.
S'il y a bien quelque chose que j'ai toujours eu du mal à saisir, c'est pourquoi on considère les dires des vieux comme parole d'Or.
Très loin de moi l'idée d'être un jeune pédant prétentieux et impatient de voir les retraités partir, mais quand même, j'ai un peu horreur de ce culte du grand-père ou de la grand-mère qu'on considère comme une institution.
Quand je regarde mes grands-parents - en fait, mes deux grands-mères - je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'avec l'âge, on redevient de vrais gamins.
Elles sont là, cloitrées chez elles ("mais tu comprends, j'ai mal à ma hanche, je peux pas sortir") en attendant qu'on leur amène leurs courses ("Ha mais c'est pas ces pommes-là que je voulais !" "Tu aurais pu prendre un paquet moins grand" "Quoi ?! Il n'y en avait plus ?! [sur un ton accusateur...]").
Leurs spécialités :
- Se plaindre de leur vie passée ("Ho tu sais, nous on avait pas autant de chance que vous..." "Quand même, ta mère elle a eu plus de chance que moi, elle a pas dû élever ses enfants toute seule")
- Te renvoyer constamment tes soucis en pleine face, PLUS les leurs ("Mais si tu loupes tes examens, tu fais quoi ? Tu recommences ?" "Mais tu va faire comment là-bas ? Tu va être perdu..." "Mais, tu devras prendre ces médicaments toute ta vie ?" "Mais, en somme, ça va donner quoi, ce genre d'études ?" - oui, elles commencent toujours leurs questions par un mais, y'a de toute façon jamais rien de positif) ("Hoo mais pourquoi mon chauffage chauffe 1 degré de plus qu'affiché ?" "Vite, il faut que tu ailles faire mes paiements, je vais être en retard ! [Dit 20 jours avant les échéances...]")
- Te faire faire les tâches les plus simples parce que leur manque de punch les en a empêché ("Dis, tu pourrais aller ramasser les [5] pommes qui sont tombées ? Ca fait 4 jours..." "Ca serait gentil si tu allais balayer un peu les feuilles."
Alors OK, j'ai peut-être pas l'échantillon le plus représentatif pour argumenter, mais pour moi, ce genre de vieux, ce sont des plaies. Je suis pourtant quelqu'un de plutôt patient et qui a pas mal d'empathie, mais chaque visite devient une corvée, à la longue. Ce devrait être des bouffées d'air, histoire de discuter de choses positives et agréables ; ce sont des moments presque oppressants et déconcertants de pessimisme.
C'est sévère de dire ça, je sais, mais de toute façon elles ne font aucun effort et se foutent pas mal de savoir si tu te portes bien. Elles n'ont plus la capacité de relativiser, du coup, chaque chose, même la plus infime, prend des dimensions impressionnantes
Alors la parole d'Or, je la cherche encore.